Quel est votre « état d’esprit » ou « mindset » ? Comment influence t’il votre culture familiale ? Votre état d’esprit conditionne t’il celui de vos enfants ?
Et vos enfants, avez-vous identifié le leur ? Comment se comportent-ils face à une erreur ou à un apprentissage difficile ?
Issues du vocabulaire du développement personnel, les expressions « état d’esprit » ou « mindset » fleurissent un peu partout tout en restant assez floues. Elles recouvrent pourtant un champs d’étude bien établi et qui révèle beaucoup de chose sur nous-même autant que sur nos enfants.
Et si notre état d’esprit conditionnait en partie notre équilibre familial ?… Nous allons voir dans cet article comment et pourquoi nous devrions tous comprendre les enjeux derrière notre état d’esprit au quotidien.
1/ C’est quoi l’état d’esprit ?
Avant d’aller plus loin, tentons de définir cette expression.
L’état d’esprit, c’est notre mentalité. C’est un état psychique, une représentation interne composée de valeurs et de convictions qui nous sont propres. On peut le considérer comme l’ensemble des croyances qui définit nos actions, nos réactions et nos interactions.
Vu comme ça, est-ce que vous comprenez déjà l’importance de l’état d’esprit chez nos enfants autant que chez nous ?
« Faire la même chose, mais avec 2 états d’esprit différents entraine des conséquences différentes »
Christophe André, « Les état d’âme : un apprentissage de la sérénité »
Sans en être totalement conscient, notre état d’esprit modèle notre vie et celle de nos proches par réaction et imitation. Il est donc crucial de l’explorer afin de savoir s’il nous conduit vraiment dans la direction que nous souhaitons. La réussite de notre couple, notre prospérité ou notre niveau de bonheur découlent directement de notre état d’esprit. Notre « mindset » est le prisme par lequel nous filtrons tous les évènements de la vie. Pourtant, une notion aussi essentielle est trop souvent laissée totalement au hasard.
D’ailleurs, vous-même qui lisez ces lignes, avez-vous déjà réfléchi à votre « mindset » ou à celui de votre enfant ?
- Savez-vous quelles conséquences tel ou tel état d’esprit a concrètement sur votre vie ?
- Et puis, peut-on en changer ?
- Enfin, combien y a t’il d’états d’esprit différents selon les chercheurs ?
L’état d’esprit est un sujet qui me passionne car les enjeux qu’il recouvre sont énormes. Si le mindset définit une culture familiale, imaginez les conséquences d’un changement à l’échelle d’une génération ou de la société ? C’est un levier de développement sous-estimé. Au-delà de ce que dit Christophe André, un état d’esprit différent entraine également des actions différentes. Je me questionne en permanence sur les qualités à développer chez nos enfants pour qu’ils puissent affronter avec sérénité les défis énormes qui s’annoncent. Au cours de ces réflexions, j’en suis venu à élaborer un plan d’action articulé autour de 3 thèmes imbriqués : les Forces, l’État d’esprit et la Résilience. J’en ai déjà parlé rapidement dans un court article publié sur ce blog.
Voici mon équation : Forces + Mindset = Résilience
Pour approfondir vos connaissances et développer vos Forces, rendez-vous sur mon autre blog entièrement dédié à ce sujet : Des Forces pour la Vie ! Ce blog est lié à ma pratique de coach certifié par l’Institut Gallup pour le test CliftonStrengths (anciennement StrengthsFinder. Ne vous fiez pas à sa page d’accueil en anglais, le test est disponible en français). Le test en ligne CliftonStrengths permet de découvrir son profil unique de 34 thèmes. En apprenant à les connaitre et en s’exerçant, nous pouvons transformer nos plus grands talents naturels en véritables forces. Voici l’enjeu de ce blog : se concentrer sur ce que nous faisons naturellement bien au lieu de perdre notre vie à tenter d’améliorer nos lacunes…
2/ Combien d’états d’esprit ?
Selon la psychologue de l’Université californienne de Stanford Carol Dweck, il n’y en a que 2.
Comme ça, c’est plus simple.
Ah non en fait, c’est bien plus subtil !
Carol Dweck est la spécialiste mondiale du mindset depuis près de 50 ans ! Nous proposons d’ailleurs son livre majeur « Mindset, a new psychology of success » en synthèse graphique, résumé pdf et podcast sur la partie privée de ce site. En à peine une heure vous serez totalement familiarisée avec ce concept de mindset. Si vous n’êtes pas encore abonnée à notre plateforme, débloquez votre essai gratuit d’un mois en cliquant ici.
J’ai déjà parlé à plusieurs reprises du concept passionnant d’état d’esprit et des travaux de Carol Dweck. Vous pouvez également lire cet article que j’ai publié sur le sujet il y a quelque temps.
Il y a donc selon cette chercheuse reconnue mondialement 2 états d’esprit :
- L’état d’esprit Fixe (Fixed Mindset)
- L’état d’esprit de croissance appelé aussi état d’esprit de développement (Growth Mindset)
OK. Mais en fait nous ne sommes pas tout l’un ou tout l’autre. Nous tirons d’un côté ou de l’autre en fonction de notre culture, de nos câblages cérébraux et des occasions…
Toutefois, notre personnalité globale fait appel à un de ces 2 schémas de pensée. Alors, comment les identifier ?
3/ Définitions et conséquences d’un état d’esprit fixe
Voici comment Carol Dweck définit l’état d’esprit fixe.
Avoir un état d’esprit fixe, c’est croire que nos capacités restent stables dans le temps et nous définissent. Nos qualités et nos défauts ne peuvent être modifiés qu’à la marge. Éviter les challenges permet de préserver une image positive car dénuée d’erreurs et d’échecs.
Les personnalités dominées par un état d’esprit fixe pensent généralement que :
- L’intelligence est innée. C’est comme un don du ciel. Il y a les génies et les autres. Quoi que l’on fasse, on ne pourra pas y changer grand-chose. Votre fils n’a pas « la bosse des maths », il confond Pythagore avec l’artefact d’un jeu vidéo ? Laissez tomber l’idée d’un prix Nobel de mathématiques à 28 ans. Votre fille truffe un SMS de 2 lignes avec 46 fautes d’orthographe ? Tant pis, elle ne remplacera pas Marguerite Yourcenar ou Marie Darrieussecq (ouch ! Quel nom compliqué à écrire, j’ai bien failli passer pour un imbécile en faisant une faute d’orthographe… Fixed Mindset !). C’est comme ça, basta. On sait ou on ne sait pas.
- Le succès consiste à prouver aux autres notre intelligence. « Regardez comme j’ai bien répondu à la maitresse », « Vous avez vu comme le patron a apprécié ma remarque ». Elles en déduisent qu’elles sont un peu « spéciales » et différentes de la masse. Elles cultivent une vision binaire de la réussite : moi face aux autres. D’ailleurs, ces personnes jalousent et dénigrent le succès des autres plus souvent qu’elles ne s’en inspire.
- La réussite immédiate est le plus important. Si on ne réussit pas du premier coup, on expose nos failles au grand jour. C’est intolérable ! Un système de recherche de gratifications rapides se met en place et réduit la vision au court terme par opposition à l’effort sur la durée.
- Face à l’échec, la cause est (forcément !) extérieure. « C’est pas de ma faute ! »… En psychologie, on appelle ça « l’external locus of control ». La théorie du « locus de contrôle » a été développée par Julian Rotter, psychologue américain. Elle définit notre sentiment de contrôle par rapport à nos performances ou notre sort. Les personnes au locus interne pensent que ce qui leur arrive dépend de leurs choix et de leurs actions. Elles estiment avoir un pouvoir élevé sur leur vie. Les personnes au locus externe s’en remettent généralement aux autres et à des facteurs sur lesquels elles n’ont pas de prise. Nous reviendrons sur la possibilité d’un parallèle entre « Fixed Mindset » et « External Locus ».
- L’échec est stigmatisant. Il y a une valeur morale négative associée à l’échec. La résilience est d’autant plus difficile que l’échec est vécu comme honteux. Dans un cas extrême, le bannissement prôné par certaines sociétés ou religions (et qui vise principalement des femmes comme par exemple la virginité avant le mariage) est une forme de fixité poussée à son paroxysme. L’échec ou la faute morale rejaillit sur toute la famille qui réagit en excluant l’auteur(e) supposé(e) du forfait. Ce type de conduite anéanti quasiment toute forme possible de résilience.
Soyons honnêtes, nous avons tous des fixités. Carol Dweck elle-même le confesse volontiers ! Elle a même créé un personnage fictif avec son mari qui leur sert à défouler leurs fixités et leur « external locus ». En d’autres termes, on peut appeler cela un bouc émissaire. Robert Greene dans « Power : les 48 lois du pouvoir » nous rappelle que les innocents font les meilleurs coupables !
Alors, comment voit-on le monde doté d’un état d’esprit de développement ?
4/ Dans la tête d’une « Growth Mindset »
Voici, en opposition au tableau précédent, la mentalité de développement :
- En premier lieu l’intelligence se développe. Nous n’avons pas tous le même capital de départ mais nous pouvons tous nous améliorer. Cela requiert du temps, de la persévérance et du travail. Il y a typiquement encore un lien ici avec la notion « d’internal locus ». Nous devenons ce que nous faisons, ce que nous apprenons. D’ailleurs, la folie « c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent »… Peu importe que cette citation soit d’Einstein, de Franklin ou de Rita Mae Brown, on comprend l’importance de l’éducation basée sur l’effort personnel.
- Si la persévérance est importante, elle est inefficace lorsqu’on persévère dans une mauvaise voie… Une personne à dominante « Growth Mindset » adapte régulièrement ses stratégies en se nourrissant des feedbacks. Elle apprend de ses erreurs, cela fait partie intégrante du mécanisme d’apprentissage. On peut même voir ce phénomène d’excitation neuronale à l’imagerie cérébrale :
- La personne dotée d’un état d’esprit de développement s’inspire du succès des autres. Elle sait que même les « génies » ont dû travailler dur pour atteindre leurs objectifs. Elle refoule la vision facile du talent sans effort qui est souvent véhiculée.
5/ Le libre arbitre
Développer son état d’esprit, c’est atteindre un niveau de développement personnel et de réalisation de soi plus aboutis. Par le développement d’un niveau de réflexion supérieur, la personne dotée d’un « growth mindset » augmente son libre arbitre, refuse le déterminisme et le fatalisme. Nous revenons alors aux théories de Julian Rotter sur le locus de contrôle. Le libre arbitre est une forme de locus de contrôle interne.
Toutefois, les philosophes ont beaucoup débattu de la pertinence de ce concept de libre arbitre. Spinoza ou Nietzsche après lui ne croyaient pas au libre arbitre et étaient plutôt adeptes du déterminisme.
« Les hommes se croient libres pour la seule raison qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes ».
Spinoza (cité par Jordanne Boudesseul dans sa thèse « Le libre arbitre de la philosophie aux sciences cognitives »)
6/ Le fatalisme : un poison familial ?
La vision que l’on a de nous-même affecte profondément notre manière de vivre…Carol S. Dweck
7/ Les limites possibles d’un état d’esprit de développement…
8/ Encourager l’état d’esprit de développement chez les enfants
9/ Lev Vygotski et la Zone Proximale de Développement
Cette théorie plus ancienne que celle des 2 états d’esprit se rejoignent sur certains points. Pour Vygotski, il existe 3 zones distinctes :
- La zone d’autonomie (notre zone de confort en quelque sorte). C’est la zone ou le challenge est inexistant car l’exercice est trop facile. Chez Carol Dweck, elle évoque la zone préférée de l’état d’esprit fixe car il peut sans crainte répondre correctement sans se mettre en difficulté.
- La zone proximale de développement. Le niveau de difficulté est à la porté de l’élève s’il mobilise ses connaissances et sa réflexion ou qu’il bénéficie d’un guidage partiel. Il mobilise ses ressources car il sent qu’il peut réussir. Cette zone est le lieu du développement, celle où nous devons guider l’apprenant. L’état d’esprit de développement y est à son aise.
- La zone de rupture. Le challenge est trop ambitieux. Le niveau de difficulté empêche la mobilisation des efforts.
Le psychologue russe nous rappelle que l’apprentissage implique « un véritable et complexe acte de la pensée ». Il s’oppose ainsi au behaviorisme (stimulus-réponse) en vogue à son époque.
Admettons, écrit-il, que nous ayons déterminé chez deux enfants un âge mental équivalant à huit ans. Avec l’aide d’un adulte, l’un résout des problèmes correspondant à l’âge de 12 ans, tandis que l’autre ne peut résoudre que des problèmes correspondant à l’âge de 9 ans. C’est précisément cette différence qui définit la zone prochaine de développement. Elle est de 4 pour le premier enfant et de 1 pour le second. Ainsi, la zone prochaine de développement d’un élève est pour Vygotski «l’élément le plus déterminant pour l’apprentissage et le développement». Car «ce que l’enfant sait faire aujourd’hui en collaboration, il saura le faire tout seul demain».
Extrait de l’article de scienceshumaines.com
10/ Les talents naturels et les Forces
Article 1 : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
11/ Le génie de la lampe
12/ Pour finir… temporairement !
Nous avons donc survolé dans cet article plusieurs concepts qui s’interpénètrent et se renforcent. Je viens de vous présenter non pas un mais 4 notions qui décuplent la puissance de tout être humain :
- L’état d’esprit de développement
- Le libre arbitre
- La Zone Proximale de Développement
- Les Forces
Ce sont 4 piliers sur lesquels bâtir une éducation et un épanouissement complet. En plus, nous avons une chance immense : rien n’est définitif ou figé. Les recherches récentes en neurosciences nous démontrent l’étonnante plasticité du cerveau tout au long de la vie. Bien sûr il est plus facile de commencer tôt. Mais chacun de nous peut à tout instant prendre conscience des fixités qui l’entravent et choisir d’appliquer ses Forces à les dépasser, étape par étape afin de rester mobilisé. En faisant cela, nous donnons un exemple différent à nos enfants. Finalement je pense que l’éducation commence par les adultes avant de concerner les enfants. Nous n’apprenons pas à être parent alors que c’est certainement le rôle majeur qui nous incombe. N’est-ce pas fou quand on y pense ? Bien souvent, nous demandons beaucoup à nos enfants, plus ou moins consciemment. Au fond, sommes-nous aussi exigeants envers nous-même ?
Je crois sincèrement qu’un équilibre familial durable peut se créer en intégrant tous (parents et enfants) ces 4 piliers. Maintenant, imaginons la société administrée par une génération complète éduquée selon ces principes ?
Je reviendrai régulièrement sur ces 4 piliers qui guident ma réflexion et portent tant d’espoir de générosité, d’entraide, d’épanouissement, de coopération et d’harmonie…
Guillaume
Un père en constante progression…
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